Influences externes importantes sur l’intégration d’immigrés


Johan Leman, 8 juin 2024

On oublie souvent que des influences externes, totalement étrangères aux politiques menées, peuvent avoir des répercussions très importantes sur la manière dont les immigrants s’intègrent. Je me limiterai à quatre facteurs externes de la période d’après-guerre.

Un premier événement extérieur a été la montée en puissance de Khomeiny à la fin des années 1970, avec dans la même veine le massacre de Hama (Syrie) par Hafiz al-Assad (1982), le bombardement de Tripoli par les États-Unis en 1986, et le « nine eleven » (1991)… Quiconque veut comprendre l’islamisation des musulmans dans notre pays doit garder ces dates à l’esprit. Ces événements étaient totalement étrangers à la politique d’intégration. Ils n’ont même pas eu lieu en Belgique. Mais ils ont un impact énorme sur les débats actuels dans notre pays. Il est très limitatif de chercher d’expliquer certaines événements, comme la montée de l’extrème droite, seulement en référant à la politique menée par la Belgique.

Un deuxième évément concerne la migration turque. Entre 1989 et 1993, Özal était président de la Turquie et l’économie a soudainement connu un « boom ». Cela a eu un impact sur l’intégration des Turcs dans notre pays, car contrairement à ce qui s’est passé avec les Marocains, de nombreux Turcs ont soudain recommencé à croire au retour. La situation s’est à nouveau inversée dans la seconde moitié des années 1990. Cela signifie que le mouvement d’intégration des Turcs a pris un cours légèrement différent de celui des Marocains. Cela n’a rien à voir avec la politique menée par la Belgique.

Un troisième fait extérieur va dans le même sens : le COVID. Le fait que les immigrés marocains n’aient pas été autorisés à transférer les corps de leurs défunts au Maroc a eu pour effet que les Marocains sont actuellement très enclins à enterrer leurs morts en Belgique. C’est COVID qui en est à la base et l’attitude du gouvernement marocain.

Un dernier point concerne la relance économique au Maroc et les faibles charges qui y pèsent sur les entrepreneurs. Cela explique que l’idée du transnationalisme, c’est-à-dire le fait de s’installer au Maroc tout en gardant un pied en Belgique, soit très forte chez les jeunes Marocains d’aujourd’hui.

Voici quelques bémols que j’émets en suivant les débats d’aujourd’hui sur les politiques d’intégration chez nous. Ils sont beaucoup trop uniquement belgo- et au mieux euro-centrés.

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