Pourquoi une nouvelle analyse du processus d’intégration est-elle souhaitable…


Johan Leman, 2 juillet 2024

Traditionnellement, les différentes phases successives de l’intégration des migrants étaient classées comme suit : une première génération était suivie d’une deuxième génération (c’est-à-dire leurs enfants), et le processus se terminait à la troisième génération (c’est-à-dire leurs petits-enfants), avec une assimilation complète pour la majorité et, pour quelques petits groupes au sein du plus grand ensemble, éventuellement quelques formes de séparation. Les formes d’intégration qui déviaient de l’assimilation étaient largement limitées à la séparation et, dans certains cas, à la marginalisation. L’assimilation variait entre une assimilation complète et ce que l’on appelait une intégration réussie.

Aujourd’hui, on constate que cette analyse, bien qu’elle ne soit pas incorrecte, passe trop sous silence le fait que la composition de la communauté concernée et la société elle-même changent en même temps, ce qui n’est pas sans conséquences pour le déroulement de l’intégration.

Concrètement, on observe comment les communautés concernées finissent par se diviser en une première communauté pionnière typique et d’autres personnes de la même région d’origine qui s’installent plus tard dans une communauté déjà établie (celle des anciens pionniers). Ces groupes présentent des attitudes différentes. Concrètement : chez les Marocains et les Turcs, on distingue clairement une génération de 1960-1975 et les générations suivantes.

Mais la société elle-même change également. La mondialisation se fait fortement sentir dans la migration, y compris dans le processus d’intégration décrit… et elle est particulièrement perceptible chez certains enfants de la première génération pionnière, qui, une fois adultes, voient des opportunités de se construire un avenir dans les deux pays, par exemple par l’entrepreneuriat, notamment en rendant rentables dans le pays d’origine de leurs parents les compétences acquises dans le pays d’accueil.

Les communautés dans notre pays sont toutes beaucoup plus complexes et présentent une multitude de dynamiques qui obligeront les politiques à examiner à nouveau la situation de plus près, afin que la politique, qui se limite actuellement à une politique d’intégration centrée sur les nouveaux arrivants, ne laisse pas trop d’opportunités passer.

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